Un ancêtre commun de l'homme, du chimpanzé et du gorille découvert au Kenya

Alesi partiellement dégagé après le déplacement de roches ©Isaiah Nengo

Un crâne de primate a été découvert au Kenya dans un état de conservation remarquable. Il démontrerait que la lignée des grands singes africains est bien originaire de ce continent, et non d’Asie.

Il s’appelle Alesi et serait mort à l’âge d’un an et demi... il y a 13 millions d’années, à Nadupet, au nord de ce nous appelons aujourd’hui Kenya. La revue Nature a dévoilé le 10 août 2017 ce fossile de primate. Selon ses découvreurs, ses caractéristiques montrent que la lignée des grands singes africains, qui regroupe les gorilles, les chimpanzés et les hominidés, a évolué sur ce continent depuis une époque très ancienne : elle ne serait pas apparue en Asie, contrairement à ce qu'affirmaient d'autres spécialistes.

Une équipe dirigée par le Kenyan Isaiah Nengo, du De Anza College à Cupertino, aux États-Unis, a découvert en 2014 un fossile de crâne d’enfant, de la taille d’un gros citron, dans une zone quasi désertique à une vingtaine de kilomètres du lac Turkana. C’est d’ailleurs de ce lieu que le fossile tire son nom puisque « Ales » signifie ancêtre en langue locale turkana.

Un fossile exceptionnel

Cette découverte présente un caractère insolite du fait de sa rareté et de son état de conservation. Les paléontologues ne retrouvent le plus souvent que des dents pour cette période. C’est seulement la deuxième fois que l’on retrouve un crâne de grand singe de la période Miocène (entre 23 et 5 millions d’années). Ce crâne possède encore des dents, la boîte crânienne ainsi qu’une oreille interne dans l’os temporal.

Il a été daté de 13 millions d’années par l'analyse de la roche qui l'emprisonnait. Cela place ce fossile plusieurs millions d’années avant la séparation des gorilles avec la lignée des chimpanzés et des hominidés (dont l’homme moderne est le seul représentant restant aujourd’hui), estimée à 10 millions d’années. Les hominidés et les chimpanzés se sont eux séparés il y a 7 à 8 millions d’années.

Beaucoup moins agile qu'un gibbon

La présence de ce fossile sur le sol africain permet d’améliorer la compréhension de l’évolution des grands singes africains, pour laquelle les paléontologues manquent de preuves fossiles. Deux hypothèses s'opposent. La première place leur origine en Asie. La découverte en 2009 de Ganlea megacanina, fossile de primate, ancêtre des grands singes, âgé de 37 millions d’années, au Myanmar, est le principal argument pour la soutenir.

La seconde hypothèse place leur origine en Afrique. « Notre découverte confirme l’idée selon laquelle les ancêtres des grands singes étaient originaires d’Afrique, et qu’ils se sont ensuite répandu en Eurasie. L’ancêtre commun des grands singes viendrait donc d’Afrique » affirme ainsi Isaiah Nengo.

Alesi ressemblait à « un bébé gibbon » selon le chercheur. Il partage notamment avec les gibbons une face assez plate. Cependant, l’étude de son oreille interne permet d’analyser l’équilibre d’Alesi. Il était beaucoup moins agile que les gibbons. Cette oreille interne était bien plus proche de celle grands singes africains, notamment des chimpanzés.

Le crâne d'enfant qui pose problème

Les dents d’adulte, qui n’avaient pas encore poussé, rendues visibles par l'analyse aux rayons X, ont permis de relier ce fossile au genre Nyanzapithecus, dont des dents et des fragments de mâchoires avaient déjà été retrouvé au Kenya. Des différences de détail, notamment la largeur de ces dents, ont conduit les chercheurs à le placer dans une nouvelle espèce, qu’ils ont nommé Nyanzapithecus alesi.

Cette découverte vient donc appuyer la théorie d’une origine africaine dans ce débat où les spécialistes ne sont pas d’accord entre eux. Toutefois, certaines caractéristiques du fossile laissent des zones d’ombre. Le fait que ce crâne soit celui d’un enfant « compliquent les comparaisons qui sont faites avec d’autres crânes, moins anciens, qui sont des fossiles d’adultes » explique Isaiah Nengo. Pour pouvoir confirmer les conclusions de l’étude, il faudrait donc découvrir un crâne d’adulte. Mais la composition du sol, acide et peu prompt à la fossilisation, laisse peu de chances de retrouver un autre crâne aussi bien conservé.

Anthony Audureau

I. Nengo et al., Nature, 548, 169, 2017.

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