Intérêt des investisseurs, dynamisme grandissant : l’innovation numérique connaît une forte progression en Afrique. Mais pour que les entreprises se développent, les États devront aussi assurer leur part.
Innover, et valoriser l’innovation en Afrique. Deux idées au centre des débat d’Afrobytes, conférence organisée les 8 et 9 juin dernier à Paris, au siège du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), et mettant en lumière les entrepreneurs de la « Tech Africaine». Durant ces deux jours, les chefs d’entreprises, communicants et investisseurs se sont enchaînés pour débattre du futur des nouvelles technologies sur le continent africain. Le tout en essayant d’attirer les investisseurs français présents lors de l’événement, représentés notamment par Pierre Gattaz, président du MEDEF.
« L’Afrique est le prochain épicentre de la technologie », explique Samir Abdelkrim, entrepreneurfranco-algérien venu parler de deux projets 100 % africains. Le premier est un système de gestion de l’irrigation depuis son téléphone, destiné aux agriculteurs du Sahel. Le second, un drone capable de voler malgré les températures extrêmes du Sahara, pourrait aider à repérer les migrants perdus dans le désert.
Les besoins de l'innovation au second plan ?
Cette conception de l'innovation illustre bien le message que souhaitaient délivrer les organisateurs de l’événement. À l’aide de nombreux exemples, ils voulaient montrer qu’il est non seulement possible d’innover technologiquement et scientifiquement (et utilement) en Afrique. Leur conviction est aussi que le futur de la technologie mondiale est déjà, et sera de plus en plus, créé sur le continent africain. D'ailleurs, les sociétés de la Silicon Valley californienne sont de plus en plus nombreuses à y investir.
Projets innovants et prometteurs, intervenants enthousiastes : le tableau est assez convaincant. Toutefois, au-delà des différentes « success stories », quelques conférenciers ne manquent pas d’évoquer des difficultés. Ainsi Emeka Afigbo, nigérian en charge de la plateforme de partenariat chez Facebook Afrique mentionne la nécessité d'investir d'abord dans les infrastructures : transports en commun, réseaux électriques et informatiques. Il ajoute que grâce aux progrès dans ces secteurs, les investisseurs internationaux seront encore plus motivés et rassurés de faire des affaires en Afrique.
Motiver les gouvernements
Rebecca Enonchong, PDG d’Appstech, entreprise vendant des solutions pour les applications d’entreprises (support, obtention de licences...) au Cameroun, renchérit : « il faut que les gouvernements changent leur état d’esprit. Aucun des tech-hubs qui fonctionnent correctement en Afrique ne sont financés par les pouvoirs publics. Il faut un meilleur accès à Internet, que les dirigeants ne puissent pas couper quand ils le souhaitent ou encore des bâtiments bien alimentés en électricité. »
Les organisateurs proposaient un « événement pour et par les entrepreneurs ». Ils n'avaient donc pas convié de représentants gouvernement aux. Il faudra pourtant les mobiliser eux aussi pour que le potentiel technologique et les entreprises se développent en Afrique.