Clapperton Chakanetsa Mavhunga est maître de conférences au MIT. Plus précisément, et c'est important pour ce dont nous allons parler ici, il est Zimbabwéen et Shona. Il vient de publier un nouveau livre qui se penche sur la façon dont les Shona et d'autres peuples africains ont traité la mouche tsé-tsé avant l'arrivée des Européens et avant le colonialisme.
Voici un extrait de la présentation du livre par le MIT :
Peu d'animaux sont plus problématiques que le petit insecte africain connu dsous le nom de mouche tsé-tsé. C'est le vecteur de la « maladie du sommeil », maladie neurologique souvent mortelle chez l'homme, et qui a tué des millions de bovins, remodelant le paysage et l'économie dans certaines régions du continent.
Pendant des générations, les vedzimbahwe (le peuple Shona, constructeur de maisons) et leurs voisins africains, ont rassemblé un important stock de ruzivo - connaissances - sur mhesvi, le nom qu'ils donnent à la mouche tsé-tsé. Comme l'explique dans un nouvel ouvrage Clapperton Chakanetsa Mavhunga, maître de conférence au MIT, cette accumulation de connaissances locales a servi de base à tous les efforts ultérieurs de lutte ou de destruction de la mouche tsé-tsé et constitue un cas exemplaire de connaissances scientifiques développées en Afrique, par des Africains.
« Le Ruzivo et les pratiques qui en découlent sont à la base de ce qui est devenu la science et les moyens de lutte contre la mouche tsé-tsé », écrit Mavhunga dans « The Mobile Workshop : The Tsetse Fly and African Knowledge Production », récemment publié par MIT Press. Cependant, note-t-il, les Européens ont néanmoins rejeté les Africains comme étant « seulement bons pour créer et colporter des mythes et des légendes ».
En fait, les Africains ont mis au point un ensemble diversifié de pratiques pour combattre le mhesvi. Par exemple, ils ont utilisé le brûlage de forêt en fin de saison pour exposer le mhesvi aux prédateurs ; ils ont déplacé les troupeaux dans des tronçons infestés par le mhesvi la nuit pendant que l'insecte était inactif ; ils ont stratégiquement situé leurs établissements pour neutraliser la menace de l'insecte ou le transformer en arme contre leurs ennemis humains ; ils ont déboisé et coupé des arbres pour créer des zones tampon entre les zones sauvages infectées et des zones habitables pour les humains ou le bétail ; et ils ont développé l'innocilation avec des mphesvi vivants ou morts. Les Européens se sont appropriés bon nombre de ces méthodes ou, à tout le moins, ont utilisé leurs principes de base comme point de départ de ce qu'ils appelaient alors la « science ».
L'article complet (en anglais) est ici.
Ce post de blog a d'abord été publié sur Afroscientific.com
Il a été traduit en français par la rédaction d'Afriscitech.com