Il voulait devenir médecin, mais heureusement pour la biologie, il n'a jamais réussi le test d'admission.
Qui sont vos héros scientifiques ?
Ben Carson, le professeur Ganiyu Oboh et le professeur Olufunso O. Olorunsogo parmi d'autres. Ils ont inspiré et façonné ma carrière scientifique.
Quel domaine de recherche vous intéresse ?
Mon thème de recherche est l'étude de la nature et de la variation des membranes biologiques dans diverses maladies telles que le cancer, les maladies neurodégénératives, le diabète sucré et ses complications (cicatrisation, néphropathie, cardiomyopathie, et rétinopathie). Je suis à la recherche de composés médicamenteux et d'hormones qui peuvent être utiles dans le traitement de ces conditions en utilisant des modèles animaux (drosophiles, poissons zèbres, souris et culture tissulaire).
Comment avez-vous découvert votre intérêt pour les sciences ?
Jeune garçon, je voulais devenir ingénieur ! J'étais fasciné par les interactions électriques et mécaniques qui font fonctionner les machines. Mais en regardant dans ma famille, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas de médecin. J'ai donc changé d'avis pour devenir le premier médecin de la famille.
Par coïncidence, j'ai grandi en lisant le livre de mes parents intitulé Where There Is No Doctor et plus tard, j'ai lu les livres du Dr Ben Carson. Ainsi, les livres, les films, en particulier les documentaires médicaux sur la pédiatrie et la gynécologie, et l'amour de travailler avec les gens ont façonné mon intérêt pour la science. Plus tard, j'ai été admis à étudier la biochimie à l'université (mon score JAMB était trop bas pour étudier la médecine), je suis tombé amoureux du cours, mais j'ai quand même repassé le test JAMB. J'ai de nouveau obtenu un score trop bas, alors j'ai continué en biochimie, avec l'espoir de retourner étudier la médecine après mon service national par le biais de l'entrée directe.
Au fil du temps, je suis tombée amoureux de la recherche sur le cancer et de la biotechnologie, et je cherchais un moyen de l'harmoniser avec l'obtention d'un doctorat en médecine. Cela m'a amené à commencer à chercher des occasions d'étudier à l'étranger, afin de devenir chercheur en médecine. Cependant, on m'a conseillé de suivre la voie de la recherche. Je suis donc revenu du service national et je me suis inscrit à la maîtrise ès sciences à l'université d'Ibadan. J'ai d'abord tenté d'être admis en santé publique, car je ne pouvais pas obtenir de bourse pour étudier la médecine à l'étranger. Ce fut un moment difficile pour moi de laisser tomber ma passion pour la médecine. Je n'ai pas été sélectionné pour l'admission en santé publique ; j'ai donc approché le département de biochimie, où j'ai choisi la biochimie et la biotechnologie des membranes.
Quels défis avez-vous dû relever ?
Je n'ai pas eu à faire face à un défi particulier différent de celui auquel sont confrontés les étudiants du Nigeria. J'ai obtenu ma première bourse du gouvernement de l'État d'Ekiti pour commencer ma formation doctorale. La bourse était censée couvrir les trois années de ma formation doctorale, mais en fin de compte, je n'ai reçu que le montant de la première année.
Heureusement, je ne me suis pas retrouvé coincé car j'ai trouvé un emploi à l'université d'État d'Osun, à Oshogbo. De cette façon, j'ai pu financer ma formation doctorale de façon indépendante. De plus, j'ai gagné une bourse de doctorat sandwich TWAS-DBT en Inde pour une période d'un an pendant laquelle j'ai fait mon travail de laboratoire. Je suis rentré au Nigeria et j'ai répété mes expériences pour confirmer la reproductibilité. Par la suite, je suis retourné en Inde dans le cadre d'un cours de courte durée pour le personnel académique financé par le TETFund. En m'engageant dans ces formations/conférences sponsorisées pour présenter mes résultats, j'ai dû obtenir des prêts, retarder des rentrées financières et quitter ma famille et le Nigeria pour un certain temps - ce sont des sacrifices normaux et ce n'était pas trop pour l'amour de la science !
Des réussites ou des réalisations notables ?
J'aimerais mentionner les résultats de mes recherches et l'obtention de mon doctorat, ainsi que les compétences que cela m'a donné dans mon domaine. L'extrait de feuilles de manioc s'est révélé prometteur pour le traitement du diabète, comme en témoignent les cultures cellulaires et les essais sur les animaux. Mais avant d'arriver à un médicament, il y a encore de nombruses étapes à franchir. Cela a donné lieu à quatre publications dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture.
Et ensuite, quels sont vos projets et vos aspirations pour l'avenir ?
Une fois mon stage postdoctoral terminé avec succès, j'ai hâte de retourner à mon poste d'enseignement et de recherche au Nigeria. Je continuerai à collaborer avec d'autres chercheurs au pays et à l'étranger de manière à renforcer les activités de mon laboratoire et à profiter à mes étudiants. J'ai commencé à interagir avec des industries pour la recherche et le développement, pour l'établissement de centres d'affaires et de start-ups pour les diplômés en sciences de la vie et plus encore.
Quels conseils donnerez-vous aux jeunes et à ceux qui se destinent à la science ?
L'enseignement supérieur, c'est bien, mais j'ai bien peur qu'il ne soit surestimé. S'ils (les jeunes) peuvent accéder à l'enseignement supérieur, qu'ils le fassent, et qu'ils travaillent dur pour réussir, sans se contenter d'accumuler des connaissances. S'ils n'en ont pas les moyens, ils devraient chercher du mentorat dans des domaines qui les passionnent.
De nombreux chercheurs ont commencé comme assistants. Ils pouvaient ainsi travailler avec un chercheur, assister à des séminaires scientifiques dans son département, faire du bénévolat pour saisir des données, fixer des rendez-vous ou des réunions pour lui, etc. En retour, le chercheur leur versait une petite allocation, leur donnait accès à des livres, à des vidéos et à d'autres matériels pédagogiques, et les déléguaient pour des animations ou des camps scientifiques.
En outre, ceux qui ont les moyens de faire des études supérieures ne doivent pas se contenter d'étudier une matière en particulier. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une formation de l'esprit. Donc, plutôt que de refuser de façon répétée d'entrer à l'université parce que l'on n'a pas obtenu la filière de son choix, et donc de rester chez soi, je conseille d'aller de l'avant et de faire des études supérieures. Si vous formez correctement votre esprit, vous pourrez choisir ensuite une carrière gratifiante.
Spécifiquement pour les futurs scientifiques ?
Les futurs scientifiques ne doivent pas renoncer à leurs rêves. En lisant dans des domaines étendus, en se tenant au courant des connaissances et des découvertes récentes, vous resterez pertinents. Malgré tout ce qui nous manque au Nigeria et en Afrique, il ne faut pas se résigner. Il faut plutôt continuer à donner le meilleur de soi-même. Nous devons tous veiller à ce que le gouvernement soit responsable, redevable et intéressé à changer la place de la science sur notre continent.
Propos recueillis par Abdullahi Tsanni
Ce billet a d'ébord été publié par Science Communication Hub Nigeria. Il a été traduit en français par Afriscitech.