James Olukayode Olopade est professeur de neurosciences et d'anatomie comparée, président de la Société des neuroscientifiques d'Afrique (SONA) et doyen de la Faculté de médecine vétérinaire de l'université d'Ibadan, au Nigeria. Mentor passionné avec plus de 80 publications à son actif, dans cet entretien, il partage ses débuts, sa passion pour la science, les neurosciences au Nigeria et la prochaine conférence SONA, à Lagos en mars 2019.
Qui sont vos héros ou héroïnes en science ?
Je respecte beaucoup de scientifiques de haut niveau.
Quels sont vos centres d'intréêt en recherche ?
La neuroscience du vanadium métallique et l'anatomie neurocellulaire.
Une courte biographie ?
Je suis né à Lagos, au Nigéria, j'ai fréquenté l'école maternelle Lantana et l'école primaire Command à Lagos avant de fréquenter l'école secondaire Command à Ibadan. J'ai été admis à l'université d'Ibadan en 1986 pour étudier la médecine vétérinaire et j'ai obtenu mon diplôme en 1992. Après le service national obligatoire à Maiduguri, dans l'état de Borno, j'ai travaillé comme vétérinaire à domicile, en pratique privée et j'ai suivi une formation avant de rejoindre la Faculté de Médecine Vétérinaire comme Maître de conférences en anatomie vétérinaire en 1999. J'ai par la suite obtenu ma maîtrise et mon doctorat en 2003 et 2006 et je suis devenu professeur en 2011.
Comment êtes-vous devenu neuroscientifique ?
J'ai décidé d'être neuroscientifique par pure inspiration. Ça été un flash dans mon esprit que je devais travailler sur le cerveau. Personne dans ma faculté ne travaillait sur le cerveau à l'époque. Gloire à Dieu, mon superviseur m'a alors soutenu et je lui en suis reconnaissant.
Racontez-nous le parcours qui vous a façonné en tant que scientifique
J'ai fait mon doctorat sur le crâne de chèvres nigérianes. Cependant, pendant que je faisais cela, je prélevais le cerveau et je faisais des études anatomiques approximatives, puis des analyses de métaux. J'ai ensuite assisté à SONA en 2003 et j'ai conclu que j'investirai ma carrière dans les neurosciences. Je suis reconnaissant pour la formation en Neurobiologie au MBL à Woodshole, USA et un post-doc au Penn State College of Medicine avec l'argent de l'IBRO. Ils m'ont mis sur la voie de l'internationalisation.
Défis et réussites ?
Au Nigéria, la recherche scientifique est mal financée, ce qui peut amener le chercheur à dépenser une grande partie de son propre argent pour faire avancer sa carrière. J'ai fait cela pour mon doctorat, mais je n'ai pas de regrets parce que cela a été fructueux. Ma plus grande réussite est de former et d'encourager de jeunes neuroscientifiques et de les voir progresser dans leur carrière.
Qu'est-ce que la conférence SONA et que faites-vous pour elle ?
Il s'agit d'une réunion biennale des neuroscientifiques africains (Society of Neuroscientists of Africa). J'ai assisté à trois d'entre elles et je suis actuellement président de la Société et président du comité organisateur local.
Qui vient à SONA et les Nigérians devraient-ils être excités ?
Le lauréat du prix Nobel de médecine en 2014, Edvard Moser, ainsi que la crème des professeurs d'Afrique, des États-Unis et d'Europe ayant fait leurs preuves dans le mentorat en neurosciences, seront présents. Il est tout aussi important que nous ayons de jeunes Africains qui étaient « novices » en neurosciences il y a environ 15 à 20 ans et qui sont aujourd'hui les scientifiques les mieux cotés à l'étranger, et de retour sur le continent. Nous aurons de nombreux symposiums et des séances de posters. Les résumés les plus importants et les plus pertinents du continent seront inclus dans les présentations des symposiums. C'est une excellente occasion pour les jeunes neuroscientifiques nigérians et africains de côtoyer les meilleurs, leurs futurs mentors et collaborateurs. Toutefois, ce ne sera que pour ceux qui paient leurs frais d'inscription à la conférence.
Que peut faire le public ou le gouvernement pour soutenir la conférence SONA ou la neuroscience au Nigeria ?
Franchement, je n'ai jamais mis beaucoup d'espoir dans l'appui du gouvernement aux conférences internationales en neurosciences. Je n'abandonne cependant pas l'idée d'obtenir de l'aide, en particulier en nature.
Quel est, selon vous, l'avenir des neurosciences au Nigeria ?
Je pense que c'est lumineux. Il appartient à l'ensemble actuel de jeunes chercheurs. Si vous enseignez bien le cerveau, contribuez à la recherche et communiquez efficacement vos découvertes aux étudiants, vous pouvez attirer des esprits particulièrement brillants pour qu'ils pensent à devenir neuroscientifiques. Si nous n'arrivons pas à attirer des esprits brillants, nous courons le risque d'être davantage un domaine de recherche minoritaire. Je ne vois cependant pas cela se produire
Comment les neuroscientifiques nigérians peuvent-ils porter leur science au niveau international ? La collaboration est-elle importante ?
Nous devons assister à des conférences internationales et attirer des conférences internationales dans notre pays. Cela vous permet d'être au courant de ce qui se passe sur le terrain. La collaboration est essentielle. Je suis fier de mes collaborateurs.
Que souhaiteriez-vous que le gouvernement fasse au sujet de la recherche en neurosciences au Nigeria ?
Je pense que nous, les scientifiques, devons travailler plus fort et montrer notre pertinence. Le gouvernement nigérian n'est pas facilement conscient des questions scientifiques. Si nous trouvons des traitements efficaces pour des maladies comme l'épilepsie, la maladie d'Alzheimer, etc., ils feront plus attention.
Des conseils aux futurs scientifiques ?
C'est un travail difficile. Le cerveau est complexe et pour réussir dans ce domaine, il faut être diligent et passionné. Il existe des possibilités de financement pour les jeunes neuroscientifiques de l'IBRO, de l'ISN, du TReND, du MDS, etc. Vous devez cependant acquérir un certain niveau de compétence pour obtenir de l'aide. Nous disons que nous n'avons rien, mais si, au milieu de ce rien, vous faites quelque chose, vous aurez probablement plus d'opportunités.
Ce billet a été publié sur scicomnigeria.org et traduit en français par la rédaction d'Afriscitech.com.