Ghada Bassioni, docteur en Allemagne, a fait le choix de rentrer faire de la recherche en Égypte. Une décision guidée, entre autres, par les espoirs du Printemps Arabe de 2011.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Ghada Bassioni, je suis professeure de chimie à la faculté de génie civil de l’université Ain Shams au Caire, en Égypte. J’occupe également un poste au Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Enseignement Supérieur, et au Fonds pour le développement de la science et de la technologie. Je coordonne les collaborations entre l’Égypte et l’Allemagne.
Pourquoi êtes-vous allée faire votre doctorat en Europe ?
Cela remonte à plusieurs années, quand mes parents ont fait leur doctorat en Allemagne. J’ai grandi une partie de ma vie en Allemagne. Et quand je suis revenue en Égypte, quand j’étais encore jeune j’allais à l’école allemande du Caire. Pendant mes études, en raison de mon éducation en partie allemande, je voulais retourner en Allemagne pour poursuivre mes études.
Pourquoi avez-vous choisi de revenir en Afrique après votre doctorat ?
J’ai décidé de revenir parce que je voulais reconstruire le pays après la révolution de 2011. J’avais le sentiment que je devais rendre à l’Égypte ce qu’elle m’avait donné pendant toute ma carrière. C’était très gratifiant et je n’ai jamais regretté ce retour. J’ai des étudiants merveilleux. Nous faisons du très bon travail ensemble. Ils ont un très grand potentiel et je peux voir dans leurs yeux, qu’entre la frustration de 2011 et maintenant, ils ont vraiment grandi. Il font un travail fantastique. Donc je me sens vraiment récompensée d’être revenue.
Avez-vous rencontré des difficultés lors de votre retour ?
En fait, le système égyptien est très bien fait. Il y a ce système qui fait que vous obtenez un poste au moment de votre licence. Ils embauchent les meilleurs étudiants de l’université pour des postes d’assistants d’enseignement, et ils peuvent ainsi développer leurs capacités au sein de l’université. Donc j'ai eu un poste dès le premier jour après ma licence. Il était donc facile de revenir dans mon université. Après mon doctorat, je suis devenue professeure assistante. C’était donc un retour facile. Après, tout le monde fait face aux même difficultés : le manque de moyens pour construire son propre laboratoire par exemple. Mais malgré cela, le potentiel est si grand au vu de nos très bons étudiants que cela donne la motivation d’avancer et de continuer. C’est toujours agréable d’être avec eux.
Que diriez-vous aux jeunes Africains qui font leur doctorat en Europe et veulent retourner en Afrique ?
Mon conseil est de croire en soi, en ses capacités, parce que l’Afrique a beaucoup de ressources, un grand potentiel et des jeunes. Nous sommes un continent jeune. Si vous voulez vraiment revenir, il y a toujours un moyen.
Propos recueillis par Anthony Audureau