Cambridge, Harvard, un doctorat en mathématiques, le curriculum vitae de Jonathan Esole est impressionnant. Pourtant, lorsqu'il achève son post-doctorat il y a plusieurs années, aucune université africaine ne se proposait sérieusement pour l'accueillir dans ses rangs.
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Jonathan Esole, je suis originaire de la République Démocratique du Congo, et je suis professeur assistant à l'université Northeastern, à Boston, aux États-Unis.
Pourquoi êtes-vous parti étudier en Europe ?
Quitter le Congo s’imposait car il n’y avait pas de curriculum pour faire de la recherche en mathématiques à Kinshasa. Je suis d’abord allé à l’université Libre de Bruxelles, en Belgique, où j’ai fait un master en mathématiques. J’ai continué ma thèse aux Pays-Bas, à l’université de Leyde, où j’ai travaillé avec le professeur Achúcarro, l’une des rares femmes professeure dans mon domaine. Après ma thèse, j’ai fait un post-doctorat à l’université catholique de Louvain, en Belgique. Ensuite, je suis allé à l'université Harvard, aux États-Unis, en post-doctorat. Après mon post-doctorat, j’ai commencé comme professeur assistant à l'université Harvard dans une position qui s’appelle Benjamin Pierce Fellow. Et après mon Benjamin Pierce, j’ai été sur le marché des positions définitives. J’ai eu plusieurs options. Finalement, avec ma famille, nous avons décidé de rester à Boston et je suis allé à l'université Northeastern.
Pourquoi n'êtes-vous pas retourné en Afrique après votre doctorat ?
Je n’avais pas d’option de revenir en Afrique. Et c’est juste maintenant que je suis un peu plus établit dans mon domaine que je commence à trouver des moyens pour pouvoir éventuellement faire une carrière où je serais localisé en Afrique. Je vais commencer par faire beaucoup de voyages vers l’Afrique, mais c’est assez clair dans ma tête que l’objectif est de retourner dans un pays africain et de continuer là-bas.
Avez-vous des projets pour un éventuel retour ?
Ce sont plus des collaborations, essayer de former des équipes, voir comment cela évolue et aussi regarder du point de vue administratif ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Il y a aussi des questions auxquelles on ne pense pas souvent mais qui sont importantes. Des questions de salaire, comment maintenir un train de vie et assurer l’éducation de ses propres enfants.
Quelles sont les difficultés qui empêchent ce retour ?
L’obstacle numéro un c’est qu’il n’y a pas de chemin clair pour retourner en Afrique. Il faut trouver des collaborateurs, il faut essayer d’évaluer ce que cela représente du point de vue financier. On est toujours prêt à faire des sacrifices mais on a des familles, donc il faut aussi regarder ça. Et du point de vue scientifique, est-ce qu’il y a moyen de rester compétitif au niveau des recherches que l’on faisait, si on se localise en Afrique ?
Propos recueillis par Anthony Audureau