Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Axel Ngonga. Je suis professeur d’informatique à l’université de Paderborn en Allemagne.
Pourquoi participez-vous à la conférence YASE ?
Plusieurs choses. Premièrement, je suis un chercheur africain qui travaille en Europe. Une de mes questions de base c’est : « comment je peux collaborer avec l’Afrique en étant en Europe ? » Donc il y avait une discussion sur la diaspora et la collaboration entre la diaspora et l’Afrique. Et je voulais savoir quelles sont les méthodes et quels sont les moyens pour pouvoir collaborer avec l’Afrique. Mais une autre questions était : « Quels sont les chercheurs qui sont en Europe et qui s’intéressent à ce que je fais, et qui sont d’origine africaine ? » Donc cet aspect networking, collaboration, c’est très important pour moi et c’est la raison pour laquelle je suis venu.
Avez-vous des motivations particulières pour retourner travailler en Afrique ?
Bien sûr, l’Afrique a plein de talents, plein de génies cachés et ce serait super intéressant de les avoir, de travailler avec eux. Le problème actuellement ce sont les ressources. Sans ressources il n’y a pas moyen de rentrer. Tout simplement le type de recherches que je fais, dans les Big Data et dans l’intelligence artificielle, on a besoin de beaucoup d’ordinateurs, beaucoup de serveurs pour pouvoir calculer avec toutes les données qu’on utilise. Et ça n’est pas possible, si on n’a pas les ressources, de rentrer en Afrique.
Que retenez-vous de cette conférence ?
Il ya des opportunités réelles de collaborer avec l’Afrique. Il semble qu’il y ait des organisations et qu’il y ait des réseaux africains, gérés par des africains, qui essaient de rendre la collaboration possible entre l’Europe et l’Afrique. Tout le monde s’est rendu compte qu’on a besoin de changer beaucoup de trucs en Afrique, qu’on a besoin de changer la façon dont on fait la recherche en Afrique, le type de recherche qu’on fait en Afrique, pour attirer les externes à rentrer en Afrique. Ce sont des challenges plutôt colossaux, et il faut qu’on s’y mette pour créer ces pistes pour pouvoir rentrer.
Sentez-vous une réelle volonté des pays Africains de créer les conditions pour votre retour ?
Ça c’est une question très difficile, parce que c’est vraiment difficile de savoir quelles sont les volontés. Du point de vue subjectif, je crois qu’il y a des pays qui ont vraiment cette tendance, qui veulent que les gens rentrent. Mais le problème c’est aussi créer l’environnement, un environnement dans lequel on peut faire sa recherche, un environnement dans lequel on peut être compétitif au niveau international. La volonté est là dans certains pays, mais les moyens ne semblent pas y être. Ou alors la volonté de transformer cette volonté en quelque chose de concret. Et sans plan concret, sans avoir les ressources concrètes, pour faire le travail qu’on veut faire, c’est plutôt difficile de rentrer. Mais on dirait que la volonté commence à venir et j’espère qu’elle va vraiment se transformer en quelque chose de concret où on pourra vraiment travailler.
Est-ce que c’est un rêve de travailler en Afrique ?
Mon rêve est de voir l’Afrique travailler. Ça oui. Rêve de travailler en Afrique ? En tant que chercheur je crois que je peux travailler partout. Je veux travailler avec des Africains en tous les cas, j’essaie de le faire. Mais mon rêve est vraiment de voir l’Afrique travailler, l’Afrique se transformer en un hub de recherche.
Et quelles ont les conditions pour que cela se produise ?
Je crois qu’on peut les quantifier plutôt bien. Il faut que l’Afrique transforme à peu près 5 % de son PNB en un atout de recherche. Pour le moment on est à 0,2 % si je ne m’abuse. C’est très simple.
Propos recueillis par Jean-Bruno Tagne