Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Veronica Okello. J’enseigne la chimie analytique à l’université de Machakos, au Kenya.
Pourquoi avez-vous voulu devenir chercheuse ?
J’avais deux raisons principales. D’abord, mes frères aînés sont tous ingénieurs. C'est ce qui m'a vraiment motivée à devenir scientifique. Ensuite, dans mon pays, si vous êtes un enfant intelligent, il y a de fortes chances que vous fassiez des sciences. J’ai eu une très bonne professeure de chimie au lycée, qui m’a aussi encouragée.
Y a-t-il eu des obstacles qui ont failli vous faire abandonner la recherche ?
Il y en a eu beaucoup. Quand je suis allée aux États-Unis, le choc culturel a été fort. Et j’étais dans un programme très intense : j’enseignais à des étudiants de premier cycle, je devais travailler mes propres cours, et en plus faire de la recherche. J'ai failli abandonner. Il y avait aussi le fait que je devais utiliser moi-même les appareils. Au Kenya, il y a des techniciens qui les font fonctionner pour nous. Aux États-Unis, j'ai dû le faire, en lisant les modes d’emploi et en observant les étudiants plus exprimentés.
Quelles raisons vous ont fait rentrer au Kenya ?
La première raison de mon retour au Kenya, c'était que j'y avais laissé ma famille, une famille très jeune. Et mon mari n'était pas prêt à laisser mes enfants avec moi aux États-Unis, bien que j’avais trouvé un poste dans une entreprise à Houston, au Texas. Après cinq ans aux États-Unis sans ma famille, je suis rentrée. Mais une autre motivation à mon retour a été que je voulais servir de mentor aux étudiants. Lorsque je préparais ma licence, la plupart du temps quand nous faisions des expériences simples en laboratoire, les enseignants, ou les étudiants eux-mêmes, versaient les produits chimiques dans l’évier. J’ai pensé qu'avec des techniques simples, je pourrais changer cela. En outre, étant donné que mon domaine de recherche portait sur l'assainissement de l'environnement, je pensais que c'était exactement ce que je pouvais faire pour mon pays. J'ai donc voulu participer à la résolution des problèmes dans mon pays, des problèmes que nous comprenons mieux nous-mêmes.
Propos recueillis par Jean-Bruno Tagne