Une heureuse conséquence de la publication (et de la traduction) d'un article de l'African Physics Newsletter sur Afriscitech.
Dans le dernier numéro de la Lettre d’information de la physique africain, Maryse Nkoua, de l'Unité de recherche sur les nanomatériaux et les nanotechnologies de l'université Marien Ngouabi décrivait son combat pour achever la mise en place d'un laboratoire à l'université et à l'Institut national de recherche en sciences exactes et naturelles situé à Brazzaville, en République du Congo. Suite à cet article, relayé par Afriscitech, deux personnalités importantes ont réagi positivement.
Tout d'abord, de l'autre côté du fleuve Congo, une scientifique a accompli un acte généreux et louable. Elle s'appelle Raïssa Malu. R. Malu a contacté Maryse Nkoua pour lui offrir son soutien.
Un pont sur le fleuve Congo
Ambassadeur du Next Einstein Forum pour la République démocratique du Congo, cette physicienne basée à Kinshasa, la capitale, a proposé un don du montant exactement nécessaire pour atteindre l'objectif. Quel acte louable !
Ce geste généreux est une belle façon de construire un pont sur le fleuve Congo qui relie les deux républiques du Congo - un pont scientifique qui permettra à de jeunes chercheurs des deux pays de renforcer leurs compétences et de collaborer dans des domaines de recherche bien définis par ces deux bâtisseuses.
La science a besoin des femmes
Cette main tendue est donc de bon augure pour des échanges fructueux entre les deux pays. Raïssa Malu a expliqué le fondement de son geste et ses attentes sur cet axe de collaboration inter-congolaise : « L'année dernière, notre association à but non lucratif, Investing In People, a lancé des bourses pour les femmes de science en République démocratique du Congo avec le réseau d'entreprises "Sultani Makutano". Notre objectif est de soutenir et d'accompagner les femmes qui se lancent dans des études et des carrières scientifiques car nous sommes profondément convaincues que "l'Afrique a besoin de la science et la science a besoin des femmes". Ici, il y a deux aspects qui me tiennent à cœur et qui expliquent mon geste. »
« Premièrement, il est important qu'il y ait plus d'étudiants et d'étudiantes qui se dirigent vers les sciences physiques, en particulier dans les domaines des nanomatériaux et des nanotechnologies, des matériaux et des énergies renouvelables et de la physique nucléaire, qui sont les domaines de recherche du laboratoire de Maryse. Deuxièmement, je suis profondément convaincue que le développement des deux Congos nécessite une plus grande collaboration et une meilleure coopération dans les domaines techniques et scientifiques entre les deux pays. Je me réjouis donc de cette opportunité et j'attends avec impatience que le nouveau laboratoire devienne opérationnel. »
Un modèle pour beaucoup
On peut dire que Raïssa Malu est une vaillante ambassadrice de la science, mais il est important de souligner qu'il faut un grand cœur pour accomplir un tel acte. Cette visionnaire est un modèle pour beaucoup, et l'une des grandes bâtisseuses dont l'Afrique a besoin pour construire les piliers essentiels au décollage scientifique du continent : encourager les vocations, renforcer les capacités et les traduire en opportunités.
Madame, la physique africaine vous dit merci.
Une portée mondiale
Une autre nouvelle très intéressante est la portée mondiale de cet article qui s'est étendu au-delà du continent, à des kilomètres de Brazzaville. L'écho a atteint la presse scientifique française, et pas n'importe quelle oreille. En effet, l'article qui a été transmis par Afriscitech a également atteint Caroline Lachowsky, journaliste de renom de Radio France Internationale (RFI), qui a pris contact avec Maryse.
Caroline est la présentatrice radio de l'émission Autour de la question, qui traite de sujets scientifiques en compagnie d'experts scientifiques de renommée mondiale. Caroline a des années d'expérience dans la presse scientifique.
Un catalyseur idéal
Elle possède une riche culture scientifique et une excellente connaissance des défis et des obstacles auxquels sont confrontés les chercheurs des pays en développement en termes d'infrastructures. Le programme est un catalyseur idéal pour prendre des initiatives dans les milieux scientifiques d'excellence.
En effet, lors de l'un de ses programmes, elle s'apprêtait à accueillir le professeur Serge Haroche, lauréat du prix Nobel de physique 2012 pour ses travaux sur la lumière. Quelle belle occasion de mettre en valeur l'initiative de Maryse en présence d'un expert de la lumière !
Interagir avec un prix Nobel
La lumière est précisément le principal outil que Maryse utilisera dans son laboratoire pour étudier la matière. Quoi de plus beau que cela ?
Lors de l'émission qui a eu lieu en septembre, Maryse a eu l'honneur, à l'invitation de Caroline, d'interagir avec Serge Haroche. Ce fut un bref échange, mais qui lui a donné plus de motivation et de conviction pour ses projets. Les illustrations de Serge Haroche sur les applications de la lumière pendant l’émission lui ont donné plusieurs raisons d'être fière d'être une ambassadrice de la lumière.
Faire entendre la voix d'une physicienne
Le message de Caroline et de ses invités pendant l'émission s'est répandu dans toute l'Afrique francophone. L'émission Autour de la question est très populaire dans cette partie de l'Afrique, même dans les coins les plus isolés où la radio est le moyen de diffusion le plus pratique car elle est accessible au plus grand nombre.
Selon Caroline, cette initiative en valait la peine, comme elle l'explique : « Quand j'ai lu l'appel de Maryse sur Afriscitech, je me suis dit qu'il fallait absolument le relayer sur RFI et faire entendre la voix de cette physicienne (il n'y a pas beaucoup de femmes sur le continent...) sur notre antenne. Elle a décidé de retourner au Congo Brazza pour y mener ses recherches et pour y installer le premier laboratoire de physique appliquée en République du Congo. Tout un défi ! Je considère que c'est vraiment notre rôle de passeurs de sciences de soutenir, autant que possible, ce genre d'initiative essentielle et courageuse. C'est aussi pour cela que je travaille sur RFI. »
Un cas d'éclairement mutuel
« Sachant que je recevais Serge Haroche, prix Nobel de physique, j'ai pensé que ce serait bien de le faire réagir... J'ai donc interviewé Maryse par téléphone et j'ai trouvé sa formidable énergie de volonté et de simplicité. ... Ils se sont éclairés mutuellement, c'est le cas de dire 😊, et c'est un de mes grands plaisirs radiophoniques : pouvoir faire le lien entre "chercheurs et chercheurs de lumière" du nord et du sud. Ce sont ces échanges et ces rencontres qui feront, j'en suis sûr, la science et la recherche de demain. »
Merci à vous, Caroline. La science a besoin que nos voix soient entendues. Merci de nous avoir prêté la vôtre.
Procurer de meilleures conditions aux chercheurs
Avec tout cela, on peut comprendre la satisfaction de Maryse : « Mon émotion a été grande suite à la réaction de Caroline et de R. Malu sur la collecte de fonds. Cela m'a beaucoup touchée et je les remercie beaucoup pour ce geste. En effet, il est parfois très difficile d'être écoutée ou remarquée dans le monde entier depuis mon pays, le Congo, le petit Congo. Ce geste prouve une fois de plus que les femmes, quel que soit leur secteur d'activité, savent se faire confiance, s'encourager et se soutenir. La participation financière de l'association "Investing In People" est une contribution majeure à ce projet qui vise à procurer de meilleures conditions aux chercheurs. Nous sommes plus qu'impatients de voir la fin de la construction du laboratoire, qui sera une preuve concrète de soutien mutuel pour l'avancement de la science. »
Stéphane Kenmoe
Commentaire éditorial
Le fait que le financement ait été accordé est impressionnant, et à l’African Physics Newsletter Nous considérons cet article comme une nouvelle sur ce qui peut arriver lorsque des Africains franchissent les frontières pour s'entraider. Malheureusement, l'APN ne peut pas devenir un média pour les appels de fonds. Il peut cependant être un média qui répertorie les sources de financement. En conséquence, nous commencerons une rubrique avec des liens vers des possibilités de financement pertinentes pour l'Afrique, en espérant que celles-ci se révéleront utiles pour nos lecteurs.
Cet article a d'abord été publié par la Lettre d'information de la physique africaine © American Physical Society, 2020. Il a été traduit en français par Afriscitech.