Comment un plus grand nombre d'universités africaines pourraient-elles apparaître dans le classement de Shangaï, à de meilleures places ?
Dans la dernière édition 2020 du classement académique des universités mondiales (ARWU), également connu sous le nom de Classement de Shanghaï, 16 universités africaines figurent parmi les 1 000 universités les mieux classées. Ce nombre est très faible par rapport au nombre total d'universités en Afrique. De plus, ces institutions ne sont situées que dans quatre pays : Afrique du Sud (9), Égypte (5), Éthiopie (1) et Tunisie (1).
Des universités africaines apparaissent hereusement dans d'autres classements comme THE (Times Higher Education), QS (QS World University Rankings), URAP (University Ranking by Academic Performance), U.S. News Education, etc. On peut également mentionner les classements fondés sur des indicateurs comme les classements régionaux, les classements par sujet, etc.
Dans cet article, nous nous concentrons sur le classement de Shanghaï, en mettant l'accent sur l'analyse des forces et des faiblesses des universités africaines à travers leur évolution dans le classement au cours des 17 dernières années.
Un classement étendu
De sa création en 2003 à 2016, le classement de Shanghaï était limité aux 500 meilleures universités du monde. En 2017, la liste a été étendue à 800, et en 2018 à 1 000 universités.
L'évolution du nombre d'universités africaines classées est illustrée dans la figure 1.
Figure 1 : Nombre d'universités africaines classées par pays pour la période 2003-2020.
Six pays seulement
Vingt universités situées dans 6 pays (Afrique du Sud, Égypte, Tunisie, Nigeria, Éthiopie et Ouganda) apparaissent au moins une fois dans le classement au cours de la période 2003-2020. Parmi ces pays, l'Afrique du Sud est le seul à apparaître tous les ans, avec un nombre croissant d'universités classées (de 4 en 2003 à 9 en 2020).
Les universités égyptiennes sont apparues pour la première fois en 2006, puis en 2007, avant de quitter le classement durant la période 2008-2010, et de réapparaître en 2011 avec une évolution régulière pour atteindre 5 universités en 2020. La Tunisie a rejoint la liste du Top 1 000 en 2018 et a maintenu sa présence jusqu'à présent. Les universités d'Ouganda, du Nigeria et d'Éthiopie ont chacune apporté une contribution d'une seule année pour les années 2018, 2019 et 2020 respectivement.
Le système de notation
Pour faire une analyse complète du classement des universités africaines, nous devons procéder à une analyse détaillée du système de notation. Le score de l'ARWU est une combinaison pondérée de 6 composantes divisées en 4 domaines :
- Qualité de l'enseignement (10%) : anciens d'une institution remportant des prix Nobel et des médailles Fields (Alumni 10%).
- Qualité du corps enseignant (40%) : personnel d'une institution gagnant des prix Nobel et des médailles Fields (Award 20%) et chercheurs fortement cités dans 21 grandes catégories de sujets (HiCi 20%).
- Résultats de la recherche (40% : articles publiés dans Nature et Science (N&S 20%) (période 2015-2019 pour le classement 2020) et articles publiés dans des revues indexées dans Web Of Science au sein du Science Citation Index-expanded et du Social Science Citation Index (PUB 20%) (année 2019 pour le classement 2020).
- Performance par tête (10%) : performance académique par membre de l'institution (PCP 10%).
Dans la figure 2, nous montrons les composantes des scores des 16 universités africaines apparaissant dans le classement 2020.
Figure 2 : Composantes du score des 16 universités africaines classées, classées par rang décroissant.
Faibles notes
On peut faire les remarques suivantes :
- Deux universités seulement appartiennent au Top 300, trois autres sont classées entre 401 et 500, et les onze universités restantes ont un classement supérieur à 500.
- Aucune des universités africaines n'a pu valider l'ensemble des six composantes du score. En particulier, sept universités apparaissent dans le classement avec des notes non nulles dans seulement deux domaines (production de la recherche et performance par tête). Il est évident que les deux autres champs (qualité de l'éducation et qualité du corps professoral) sont les principales faiblesses de la plupart des universités et ont réduit significativement leurs scores.
- Le score le plus élevé pour toutes les universités africaines classées est la composante PUB (20% du score global).
Très peu d'auteurs hautement cités
Cette dernière composante est essentielle pour une amélioration réaliste du classement des universités africaines, car les autres scores - hormis celui du PCP - sont très faibles, voire nuls, pour la majorité des universités africaines classées au moins une fois depuis 2003 (20 universités). Par exemple, seules 3 universités ont un score non nul pour la composante HiCi (Highly cited authors). Il sera très difficile dans un avenir proche pour les universités africaines de s'appuyer sur les composantes concernant les anciens étudiants ou les prix.
Nous illustrons dans la figure 3 la dynamique de publication (articles publiés dans les revues indexées WOS dans les deux bases de données concernées) de ces 20 universités pour la période 2002-2019 par rapport au classement de Shanghaï de 2003 à 2020. On note une augmentation globale et régulière du nombre de publications pour toutes les universités. Cependant, des efforts supplémentaires doivent être fournis pour une contribution plus importante au score total.
Figure 3 : Nombre total d'articles dans le Science Citation Index-Expanded et le Social Science Citation Index (WOS 2002-2019) pour les neuf universités africaines classées dans l'ARWU 2020.
Le score de la composante N&S
Un autre moyen d'améliorer le classement des universités africaines pourrait être l'amélioration de la composante N&S (en rouge dans la figure 2). Nous présentons dans la Figure 4 le nombre d'articles publiés dans Nature et Science pour les 20 universités africaines, pour des périodes de cinq ans glissants selon la définition du score de la composante N&S.
Figure 4 : Articles publiés dans Nature et Science par les 20 universités africaines concernées à ce jour par les classements ARWU, pour des périodes de cinq ans glissants de 2011 à 2019.
L'importance de publier davantage
L'importance de cette composante est évidente dans le cas des grandes universités sud-africaines, par exemple, et est significativement beaucoup plus faible pour les autres universités. En plus de la recherche nationale de haut niveau, il est très important que les universités africaines renforcent leurs collaborations avec les meilleures universités du monde, par le biais de projets de coopération, afin de pouvoir publier dans ces revues prestigieuses et d'améliorer ainsi leurs classements.
En conclusion, malgré une augmentation du nombre d'universités africaines dans le classement de Shanghaï, il est important de noter que cela peut être le résultat de l'augmentation du nombre d'universités classées de 500 à 1 000, permettant à 11 universités africaines de figurer dans l'édition 2020. Néanmoins, une amélioration globale des performances des universités africaines est perceptible et doit être encouragée, principalement par l'amélioration des nombres de publication, notamment dans les revues Nature et Science.
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Université de Tunis El Manar, Tunisie
Cet article a d’abord été publié par la Lettre d’information de la physique africaine. - © American Physical Society, 2021 - Il a été traduit en français par Afriscitech. Toutes les figures ont été produites par H. El Fekih.