Les physiciens d'Afrique de l'Ouest qui se sont réunis en décembre 2020 en ligne, et en personne à Dakar, ont insisté fortement sur l'importance de la diaspora scientifique.
En juin 2019, la Société sénégalaise de physique (SPS) a été créée après des décennies de discussions en dents de scie. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche du Sénégal a été un catalyseur clé de ce résultat, car il a servi de facilitateur et d'hôte aux premières réunions préparatoires avec des représentants de chaque université du Sénégal.
L'une des premières décisions de la SPS a été de participer au processus de création de la Société Ouest-Africaine de Physique (SOAPHYS) ou West African Physical Society (WAPS) en tant que membre fondateur. À ce jour, la WAPS/SOAPHYS comprend sept sociétés nationales : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, et Togo.
Un congrès annuel
Le 1er congrès de la SOAPHYS/WAPS s'est tenu à Ouagadougou, au Burkina Faso, en août 2019. Au cours de cette réunion, le conseil d'administration a sélectionné la SPS pour organiser le 2e Congrès à Dakar l'année suivante (SOAPHYS 2020) tandis que la Côte d'Ivoire a été choisie pour la 3e édition en 2021.
Comme cela a été le cas pour tous les événements de 2020, la pandémie de COVID-19 liée au SRAS-CoV-2 a fortement impacté la préparation de SOAPHYS 2020, qui s'est arrêtée en mars et a été à peu près gelée pendant quatre mois. Cependant, en août, suite à l'assouplissement des restrictions liées à la pandémie, la SPS et la SOAPHYS/WAPS ont été suffisamment optimistes pour confirmer l'organisation de l'événement en présentiel.
Discussions et formation
En conséquence, fin novembre - début décembre 2020, la SPS a organisé deux événements internationaux consécutifs à Dakar dans la principale université du Sénégal, l'université Cheikh Anta Diop (UCAD). L'un était le 2e congrès SOAPHYS/WAPS et l'autre une école de trois jours sur l'« Application de l'instrumentation utilisant le rayonnement » avec la Nuclear and Plasma Science Society de l'IEEE combinée avec une session de l'après-midi sur les femmes (sénégalaises) dans la physique.
L'école était entièrement en ligne permettant ainsi la participation d'étudiants d'Afrique du Sud avec des étudiants sénégalais réunis à l'UCAD. D'autre part, SOAPHYS 2020 était une réunion en personne, avec une diffusion simultanée en direct sur le Web offerte pendant tout l'événement.
En ligne et en personne
Près de 140 résumés ont été soumis au comité d'organisation, dont un peu plus de la moitié en provenance du Sénégal. Afin d'accueillir le plus grand nombre possible de présentations orales, deux formats ont été proposés : une forme longue de 15 minutes, incluant quelques questions, et une forme courte de 3 minutes sans discussion. Pour pallier le temps limité de discussion, un forum de discussion a été mis à disposition sur le site web de la SPS.
Alors que les restrictions avaient été assouplies sur le territoire sénégalais concernant les voyages, quelques membres de Sociétés nationales n'ont pas pu faire le déplacement à Dakar en raison de leurs restrictions nationales particulières. Sur les plus de 110 participants, environ un tiers provenait des autres pays membres. Cependant, la diffusion simultanée sur Internet a permis à tous les membres (et au-delà) de suivre l'événement en temps réel. Les présentations ont couvert un large éventail de sujets, par exemple, les nanosciences et les sciences des matériaux, l'énergie, la mécanique des fluides, la physique atmosphérique, nucléaire, atomique ou médicale, avec un accent sur les questions locales dans de nombreux cas.
Participation de la diaspora
L'utilisation de la vidéoconférence nous a permis d'impliquer également cinq scientifiques de la diaspora (des États-Unis, du Canada, d'Italie et de France) ou revenant tout juste de l'étranger (Togo). Chacun d'entre eux a fait une présentation principale à distance et a participé aux discussions sur le thème central du congrès, « Collaboration avec la diaspora ouest-africaine pour une contribution à la recherche et au développement ». L'une des recommandations issues des discussions était que chaque société nationale identifie autant de scientifiques de sa diaspora que possible.
Malgré quelques lacunes, liées principalement au temps limité de préparation, l'organisation de cette réunion SOAPHYS/WAPS en personne peut être évaluée comme très réussie, en particulier dans le contexte de la COVID-19. La diffusion supplémentaire de l'événement sur Internet a également contribué à élargir l'audience au-delà de la participation physique. Les articles entièrement revus des différentes contributions présentées pendant le congrès paraîtront dans un prochain numéro de Journal de Physique de la SOAPHYS.
Développement futur de la SOAPHYS/WAPS
Ces premiers pas de la SOAPHYS/WAPS sont très encourageants. L'accent est maintenant mis sur la 3e réunion prévue du 1er au 4 décembre 2021 en Côte d'Ivoire. La participation devrait être encore plus importante, ne serait-ce qu'en raison de la situation plus centrale du pays hôte et d'une évolution positive de la pandémie de COVID-19.
Le conseil d'administration espère également accueillir de nouveaux pays membres, et ainsi aller au-delà des sept pays francophones qui composent la SOAPHYS/WAPS à ce jour. Le Sénégal a été chargé de travailler à l'adhésion d'un plus grand nombre de pays de cette région africaine, dans le but de mieux s'aligner sur les membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Une mise en place réussie de sociétés physiques régionales telles que la SOAPHYS/WAPS sur le modèle des 5 zones régionales de l'Afrique devrait contribuer énormément au développement d'une société physique inclusive à l'échelle de l'Afrique.
Oumar Ka, université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal, président de la Société sénégalaise de physique
Cet article a d'abord été publié par la Lettre d'information de la physique africaine - ©American Physical Society, 2021. Il a été traduit en français par Afriscitech.