Reportages

Mission « Polymèle » au Sénégal

Aïssata Thiam, doctorante en géophysique à l'UCAD et son co-équipier, Abdoulaye Sow, s'entrainent à assembler le télescope à l’hôtel Royal Malango de Fatick.

L'occultation d'une étoile par l'astéroïde Polymèle a été observée de Kaolack, au Sénégal.

Dans la nuit du 23 au 24 septembre 2020, une coopération scientifique internationale, mobilisant des chercheurs sénégalais, belges et français a permis d’observer pour la première fois une occultation d’étoile par l'astéroïde (15094) Polymèle. Cette campagne d’observation s’inscrit dans le cadre des préparatifs de la mission spatiale Lucy de la NASA.

Formation du système solaire

Coordonnée par la NASA, la mission spatiale Lucy débutera en octobre 2021 pour 12 ans. Son objectif : survoler un astéroïde de la ceinture principale et six astéroïdes troyens de Jupiter, petits corps rocheux qui suivent (ou précèdent) la planète à distance stable sur son orbite autour du Soleil. L'objectif est d’améliorer nos connaissances sur l’origine des planètes et la formation du système solaire.

Une étape préparatoire au survol consiste, pour les astronomes, à déterminer la taille et la forme des astéroïdes. Comme ils ne réfléchissent que très peu de lumière du Soleil, leur observation directe est difficile : les mesures s’effectuent par l'observation de l'ombre qu'ils forment lors de leur passage devant une étoile lointaine, phénomène appelé occultation stellaire.

Deuxième mission

En 2018 déjà, 50 chercheurs américains, 7 français et 21 sénégalais avaient observé depuis le Sénégal la dernière occultation de l’astéroïde Arrokoth, avant son survol en janvier 2019 par la sonde New Horizons. Fort de ce succès, Marc Buie, du Southwest Research Institute qui contribue à la préparation de la mission Lucy, a convaincu la NASA de confier une nouvelle mission à l’Association Sénégalaise pour la Promotion de l’Astronomie (ASPA).

Le Sénégal était en effet, selon les prévisions, idéalement placé pour l'observation de l'occultation d'un étoile par (15094) Polymèle, plus petit des six astéroïdes troyens, qui sera survolé par la mission Lucy en 2027. Les données recueillies serviraient à mieux connaître l'astéroïde avant de lancer la sonde.

Entraînement intensif

La nuit du 23 au 24 septembre, l'équipe international rassemblée au Sénégal a effectivement observé cette occultation stellaire par Polymèle. Une quarantaine de chercheurs étaient mobilisés, avec le soutien de l’IRD et du CNRS.

Quatorze télescopes mobiles de 20 centimètres de diamètre ont été déployés sur différents sites d’observation dans la région de Fatick et de Kaolack, au Sénégal. La formation intensive des chercheurs à l’installation et à l'utilisation de ces télescopes et de leurs systèmes d’acquisition, envoyés par la NASA au Sénégal, s’est déroulée les trois jours précédant l’occultation à Fatick.

Observation réussie

Malgré le développement d’une vaste cellule orageuse sur la région de Kaolack la nuit de l’observation, la stratégie de déploiement des télescopes s’est révélée efficace pour observer l’occultation stellaire. Les données récoltées permettront d’obtenir une première estimation de la taille de l’astéroïde Polymèle, tandis que la forme de l’objet sera précisée par de prochaines campagnes d’observation.

Cette campagne d’observation réussie, réalisée en très large majorité par des astronomes sénégalais, marque une étape importante dans le développement de la recherche en astronomie au Sénégal. Ces actions illustrent un effort coordonné de promotion des sciences astronomiques et spatiales en Afrique, porté depuis 2017 par un consortium international de chercheurs : l’Initiative africaine pour les sciences des planètes et de l’espace.

Retrouvez les préparatifs et l'entraînement des équipes avant l'observation dans ce diaporama.

L’étoile occultée par l’astéroïde Polymèle est marquée en rouge. Le pointage du télescope dans sa direction se faisant en partie manuellement, les observateurs devaient apprendre à repérer à l’œil cette partie du ciel.
Le matériel nécessaire aux observations (près de deux tonnes) est chargé dans les neuf véhicules 4X4 de l’IRD, au siège de la délégation de l’organisme à Dakar, afin d’être acheminé vers le QG des opérations à Fatick.
Le matériel nécessaire aux observations (près de deux tonnes) est chargé dans les neuf véhicules 4X4 de l’IRD, au siège de la délégation de l’organisme à Dakar, afin d’être acheminé vers le QG des opérations à Fatick.
Le matériel nécessaire aux observations (près de deux tonnes) est chargé dans les neuf véhicules 4X4 de l’IRD, au siège de la délégation de l’organisme à Dakar, afin d’être acheminé vers le QG des opérations à Fatick.
Aissata Thiam, doctorante à l’UCAD, montre comment assembler le télescope après avoir visionné une vidéo de formation, sous la supervision de Sylvain Bouley qui commente l'opération pour la formation de l'ensemble des participants. Cette opération d'assemblage est répétée plusieurs fois pour pouvoir être ensuite être effectuée sans difficulté sur le site d'observation, de nuit, dans des conditions plus stressantes, et dans un temps limité.
Les coordonnées du site d'observation sont saisies sur la raquette de commande, ce qui fait partie de la procédure de réglage permettant au télescope de compenser le mouvement de la Terre et de suivre les étoiles pendant l'observation.
Cheikh Ahmadou Bamba Niang, premier doctorant en planétologie de l'UCAD, vient de finir l'assemblage de son télescope de jour.
Riad Kawar et Dembo Diakhité, qui forment l'un des 14 équipes d’observation, s'entrainent ensemble au montage du télescope. Chaque équipe est composée de deux chercheurs Sénégalais qui seront responsables de toute les phases d'assemblage du télescope, de réglage et d'acquisition des données le soir de l'observation.
Aïssata Thiam, doctorante en géophysique à l'UCAD et son co-équipier, Abdoulaye Sow, s'entrainent à assembler le télescope à l’hôtel Royal Malango de Fatick.
Les équipes se retrouvent chaque jour pour monter et démonter plusieurs fois les équipements sur le terrain de l'hôtel Royal Malango à Fatick, afin d'être prêts pour le soir de l'occultation.
Avec David Baratoux, de l’IRD, Makhoudia Fall et son co-équipier Omar Marigo vérifient les mouvements du télescope avec la raquette de commande, lors d’une séance d'entrainement sur le terrain de l'hôtel Royal Malango à Fatick.
Séance d'entrainement sur le terrain de l'hôtel Royal Malango à Fatick.
Séance d'entrainement sur le terrain de l'hôtel Royal Malango à Fatick.
Séance d'entrainement sur le terrain de l'hôtel Royal Malango à Fatick.
Les quatre femmes de l'équipe « Polymele », Katrien Kolenberg, de l’université d’Anvers, Marame NGOM, Aissata Thiam, et Ihmal Loubane , de l’UCAD, avec Baidy Demba Diop, de l’Association Sénégalaise de Promotion de l’Astronomie.
Une partie de l'équipe « Polymele »
Après l’observation, le matériel est vérifié à la représentation de l'IRD à Dakar, avant d’être renvoyé vers les États-Unis.
Maram Kaire, coordonnateur de la mission (au centre) en compagnie de David Baratoux, coordinateur de l'équipe franco-belge (au premier plan)

 La video de l'occultation par Polymèle, observée au Sénégal le 24 septembre 2020, montre la brièveté du phénomène, et la performance réalisée par les chercheurs.

 

Ce texte est issu d'un communiqué d'abord publié par l'IRD.

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