Le cancer n'est pas qu'une maladie des pays du nord : le continent africain est aussi touché largement. Améliorer la prise en charge des patients dans les pays où les infrastructures de santé sont insuffisantes, c'était l'objet d'un débat lors du Congrès mondial contre le cancer en novembre 2016.
Relégué dans une petite salle annexe du Palais des Congrès se tient un débat essentiel du Congrès mondial contre le cancer : « Scaling up access to cancer treatment in Africa » (Améliorer l’accès aux traitements du cancer en Afrique). Signe de l’intérêt porté à cette conférence malgré la taille de l’endroit, beaucoup de participants ont dû s’assoir par terre, faute de sièges. Dans cette pièce ressemblant plus à un salon qu’à une salle de conférence, une quarantaine d’américains et d’européens (et paradoxalement peu d'Africains) débattaient des obstacles pour atteindre un niveau de soin correct sur le continent africain
« La situation du cancer et de son traitement en Afrique est la même qu’en Occident il y a quinze ans » assène d’entrée Michelle Ndebele, analyste pour la Clinton Health Access Initiative (CHAI), ONG fondé par Bill Clinton, ancien président américain. Une manière de signifier tout le travail que doivent réaliser les gouvernements du continent pour améliorer leur prise en charge de la maladie. Isaac F. Adewole, ministre de la Santé nigérian, l'un des rares Africains présents, acquiesce : « Les pays africains doivent travailler ensemble pour lutter contre le cancer. »
« Les machines ne suffisent pas »
Le manque de qualité des traitements disponibles sur le marché africain, un manque de transparence et de pertinence dans les investissements sont pointés du doigt. Meg O’Brien, membre de l’American Cancer Society, prend le micro pour insister sur la nécessité de mettre en place des investissements cohérents, ne serait-ce que pour les radiographies. Un constat partagé par Isaac Adewole : « Acheter les machines ne suffit pas. Il faut les techniciens pour la maintenance. Nous pouvons faire mieux en dépensant moins. » Aujourd’hui le CHAI estime que 28 millions d’euros sont consacré par an et par pays africain pour les chimiothérapies, somme très insuffisante souligne Michelle Ndebele.
Tom Eggebraaten, d'IBM, a proposé une piste : le projet ChemoQuant, développé par son entreprise et l’American Cancer Society. Cette innovation consiste en un logiciel offrant à chaque médecin d’avoir à disposition gratuitement la marche à suivre pour un traitement optimal de chaque type de cancer. L’outil permettra aux médecins africains de savoir avec certitude quelles molécules injecter aux patients et en quelles quantités en fonction des différents symptômes et stades de la maladie. Un projet salué par l’assistance par des applaudissements nourris. Un engouement qui ne peut qu’encourager l’organisation à médiatiser un peu plus la lutte contre le cancer en Afrique dans les prochaines années.